Y'aura deux minutes cinquante trois de pur bonheur.
Elles s'ront peut-être multipliées par deux ou trois ou quatre les deux minutes et des cacahuètes, parce qu'un spectacle ça se prépare pas d'un coup. pas en deux minutes cinquante trois.
Faut répéter.
Mais après ce sera fini pour deux semaines.
Faudra quitter Christine dans la nuit.
Vouloir lui dire quelque chose mais ya Camille, ya trop de monde, et puis pas le temps, et puis trop de pudeur. Même si Christine me comprend. Elle ne se moque jamais de moi.
Alors y'aura ce ptit goût amer dans la bouche. Serai-je toujours triste ?
C'est pire que le dimanche soir.
Maman je ne veux pas te quitter. Occupe-toi de moi. Je me sens seule et triste. Mets du baume à mon coeur. Mais t'as déjà deux enfants. Tu vas pas en plus t'occuper de moi.
Et puis faudra retourner dans la voiture glacée. Sans Polnareff ni Obispo.
Traverser le boulevard de l'Europe. Sans parole précieuse et inattendue. Sans bisou de maman sur ma joue d'enfant malade.
Faudra se battre avec ma soeur pour avoir l'ordinateur. Parce qu'elle sera revenue.
Et ce trou en moi.
Elle me manque plus que jamais en ce moment.
Un an bientôt.
ça commence à faire long.
J'ai le droit de dire que je parfois j'ai peur de ne plus tenir.
Bon bien sûr je tiens parce que d'abord, c'est quoi ne plus tenir ?
M'écrouler ? ça, jamais.
Mais non, là ça ne va pas.
C'est trop long.
J'ai l'impression que quelqu'un est en train de creuser dans mon coeur.
Et de pousser mes larmes pour qu'elles sortent de mes yeux.
Je continue.
Comme d'habitude.
À me jeter à fond dans des projets, à me démener pour faire un truc bien.
À écrire le soir.
À écouter Sheller quand les autres albums sont trop douloureux. Sheller, lui, au moins, ne me rappelle rien de douloureux.
À écouter Obispo quand je m'en veux, quand je suis triste. Quand je veux expulser tout l'air pollué que je suis contrainte d'inspirer à défaut d'air pur.
À boire boire boire boire boire boire de l'eau.
À traverser la cour avec mon gros sac sur le dos.
À attendre, appuyée contre le radiateur à côté de l'accueil, que quelqu'un que j'aime passe.
Que quelqu'un me glisse un mot ou deux qui me feront doux au coeur. Ou qui me feront bouger, bondir, avoir une idée, me précipiter, pour commencer...
Je continue à espérer. Je continue aussi à m'en sortir.
Étienne est mort cette nuit.
Commentaires :
Je ne sais pas qui est Etienne, j'espère qu'il se sent bien là où il est maintenant. C'est un peu dans ces cas là que j'ai envie de croire en Dieu, ou du moins en quelque chose.
Énormes bisous.
J'aimerai bien parfois être les bras de ta maman, pour pouvoir te rassurer, te consoler, t'aider à attendre. Un an est passé, il ne reste que quelques années.
Petite bise sur ta joue d'enfant malade ;-)
Re:
il y a des phrases comme ça, que j'aurais pu écrire, qui m'ont peut-être traversé l'esprit sans pour autant que je les note ici.
Et même si les mots ne sont pas dans le même sens.
Écrivons, ça peut être un pas vers le bonheur.
:-)
sonatenfa
La photo est très belle, émouvante même...
Il restera ainsi toujours vivant tant qu'on le verra, tant qu'il sera dans ton coeur ; l'oubli c'est la mort, alors nos regards continueront de se poser sur lui et son sourire doux se perpétuera, toujours :)
Accroche-toi, comme tu sais si bien le faire depuis près d'un an, et laisse passer ces moments légitimes de découragement, laisse-les s'exprimer, pleure, libère-toi, puis remonte doucement vers ce sommet lumineux qui te tend les bras, des bras longs et tendres qui te serreront avec la douceur que tu mérites.
L'hiver on devrait hiberner non ? ;) alors patience, et attends le printemps pour renaître et puiser de nouvelles forces pour poursuivre vaillamment ton ascension.
Courage à toi ~~~~~~~~
et continue, toujours,toujours, toujours...
:)